Après Céline, notre femme de sciences, nous rencontrons aujourd’hui Aurélie, une femme au profil atypique qui a toujours su ce qu’elle voulait et à ainsi réussi à être cadre dirigeante à l’âge de 35 ans.

GB : Bonjour Aurélie, peux-tu te présenter rapidement ?

AB : Bonjour, je m’appelle Aurélie, j’ai 39 ans. Je suis maman solo d’un petit garçon de 8 ans et demi. Je suis originaire de l’Isère, en chartreuse plus précisément. Je vis entre Poitiers, mon lieu de travail, et mon domicile dans l’Isère. Mes centres d’intérêt sont ma famille et mes amis d’abord, puis la cuisine et la musique, et j’adore la danse également.

Aurélie femme au profil atypique

GB : Comment s’est déroulé ton parcours professionnel ?

AB : J’ai un profil atypique. De formation, je suis ingénieur agro-alimentaire. J’étais une provinciale qui a fait ses études à Paris. Cet épisode de ma vie m’a marquée parce qu’au début, je ne voulais pas y aller et au final, je m’y suis bien plu en tant qu’étudiante. Pour commencer, j’ai travaillé dans le secteur des industries lourdes, puis j’ai travaillé dans la grande distribution, puis dans le milieu de la viande, et dans la logistique pour une grande entreprise de e-commerce. Aujourd’hui, je travaille dans la logistique de pièces agricoles, dans une entreprise leader en Europe et en France, je suis Co-Directrice Générale en charge de l’Opérationnel de cette entreprise en France. Ainsi, la prise de décision se fait à deux, avec le Co-Directeur Général en charge du Commerce. Mon fil rouge pour toute ma carrière était et restera l’humain, le management.
Quand j’ai démarré ma carrière à 24 ans, je voulais déjà faire du management mais on me disait tout le temps « non, vous êtes trop jeune et vous devez commencer par des projets ! ». Avec mon profil atypique, on m’a fermé beaucoup de portes à mes débuts. Mais comme je voulais absolument faire du management et que j’étais tenace, c’est par la grande distribution que j’ai commencé. Certes avec l’inconvénient de ne pas gagner un gros salaire et d’avoir les contraintes de travailler les week-end et dans un environnement qui n’est pas « glamour » puisque j’étais sur le terrain. Ceci dit, j’y ai fait une formation de management en interne. J’y suis restée 2 ans et j’y ai appris ce qu’est le vrai management. Ainsi, à travers mes valeurs, j’ai managé toute ma vie, et encore aujourd’hui. Je suis passée de 5 à 10 personnes en grande distribution à 350 dans le e-commerce et 250 pour mon poste actuel. J’ai changé de poste plusieurs fois, ce qui a contribué à construire ce profil atypique. Je n’ai pas eu peur de me remettre en question et de me dire que mon poste ne collait plus avec mes valeurs et qu’il était temps d’en changer ! Je voyais ce changement comme une ouverture vers une nouvelle opportunité, je me suis parfois trompé mais j’ai toujours fini par rebondir et cela m’a permis de grandir à chaque fois. Aujourd’hui, j’ai demandé à mon employeur de pouvoir me perfectionner dans mon métier grâce à un EMBA (Executive MBA qui est un Master en Business et Administration) que je vais finir cette année. Là encore, je pense qu’il est important de savoir se remettre en question et de continuer à apprendre tout au long de sa carrière pour se renouveler, rester alerte et éviter de rentrer dans une routine.

GB : Depuis combien de temps occupes-tu ton dernier poste ?

AB : Je travaille dans cette entreprise depuis 5 ans. Pendant les trois premières années, je vivais à Poitiers mais ma famille me manquait, alors j’ai fait le choix de partir vivre près d’eux dans l’Isère. Je travaille donc en home-office mais je dois me rendre sur site 3 jours par semaine.

GB : Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton métier actuel ?

AB : En définitive, l’humain a toujours été au centre de mes choix. Et à ce poste, comme à mes précédents, c’est le management que je préfère. J’aime beaucoup travailler avec les gens. C’est vraiment l’aspect relationnel qui me motive. Je trouve que quand on gère des projets, travailler en équipe est une force car on avance plus efficacement. Je me soucie du bien-être de mes collaborateurs car je sais que c’est ce qui les motivera pour bien travailler avec moi.

GB : Qu’est-ce qui te plaît le moins ?

AB : Avec mon profil atypique, la routine me fait peur. Aujourd’hui, je ne connais pas de routine sur mon poste, mais je perçois qu’elle pourrait venir.

GB : Quel est ton trait de caractère prédominant ?

AB : Je suis une battante optimiste. Je suis également curieuse de tout et je suis quelqu’un de profondément gentil.

GB : T’es-tu déjà intéressée à l’entrepreneuriat ? pourquoi ?

AB : Oui et de plus en plus d’ailleurs. J’aimerais apporter plus de valeur ajoutée par moi-même. Par exemple, j’aimerais bien ouvrir une galerie d’art même si ça fait longtemps que je n’ai pas fait de peinture. En fait, j’aimerais créer quelque chose, peut-être parce que mes deux grand-pères étaient entrepreneurs. Mais avant de me lancer, j’ai besoin d’avoir un peu de connaissances et c’est pour ça que je finis cette formation. Elle me permet d’acquérir des notions telles que la posture du dirigeant, le financement, et l’aspect territorial aussi où je manque un peu de connaissances. Peut-être que ça va me rassurer.

GB : Quel serait l’argument clé qui te permettrait de te lancer ?

AB : Ce serait d’abord de trouver quelque chose qui me ferait vraiment plaisir, une passion, et aussi la possibilité d’avoir une sécurité financière car je suis seule avec mon fils et je ne veux pas d’incertitude sur les fins de mois, même si je n’ai pas un grand train de vie. Il me faudrait également pouvoir travailler en équipe rapidement soit par le recrutement soit par une co-création d’entreprise.

GB : Si j’avais la possibilité de te faire essayer l’entrepreneuriat sans que tu quittes ton poste, est-ce que tu te lancerais ? Pourquoi ?

AB : Oui, sans hésiter parce qu’avec mon profil atypique, je suis quelqu’un de curieux, volontaire et j’ai tendance à vouloir tout faire et essayer !

GB : Qu’aimerais-tu changer dans ta vie ?

AB : Franchement, rien. Je suis ravie de mon parcours, de mon fils et des gens qui m’entourent. J’ai beaucoup de chance. Ah si, peut-être que je voudrais prendre un peu plus de temps pour moi.

GB : Selon toi, quel est ton atout dans le monde professionnel ?

AB : Ce sont mon côté humain et mes valeurs : je suis empathique, assez droite, juste et exemplaire.

GB : As-tu une anecdote marquante sur ton parcours professionnel ?

AB : Peut-être le fait que j’étais femme et cadre dirigeante à 35 ans; mon profil atypique marque beaucoup les gens. D’ailleurs, une fois, alors que je prenais l’avion pour un déplacement, j’ai fait connaissance d’un homme en costume-cravate ; nous avons discuté pendant le voyage. Il m’a dit qu’il était Directeur de la sécurité d’une entreprise et m’a demandé si je voyageais beaucoup. Je lui ai répondu qu’en effet, je prenais souvent l’avion car je travaille en home-office la plupart du temps, en Isère, mais que je dois me rendre régulièrement sur mon site à Poitiers. Il a réagi lorsque j’ai parlé de « mon site » et a fini par me demander ce que je faisais. Je lui ai répondu que je suis Directrice France…Interloqué, il m’interroge « Mais, vous êtes en jeans et baskets ?!? Je croyais que toutes les Directrices étaient en tailleur avec des talons !» Il a été choqué, parce que pour lui, pour se faire respecter de ses employés, il faut être en tailleur ! Tout est question d’image. Si on écoutait la société, je suis une femme, je n’aurais dû être Directrice qu’à 50 ans !

GB : Quelle est ta plus grande réussite dans la vie ?

AB : Ah, c’est mon fils ! Il est super ! J’ai beaucoup de chance de l’avoir mais également d’avoir une famille en or qui est présente quand j’ai besoin d’eux et réciproquement.

GB : Comment te vois-tu dans 5 ans ?

AB : C’est difficile pour moi parce que j’aime mon boulot et mes équipes aujourd’hui mais je ne peux pas continuer à ne pas être à 100% ici pour mon fils. C’est compliqué pour lui comme pour moi. Avant le Covid, quand il y avait des avions, je ne partais que 3 jours par semaine mais maintenant qu’il n’y a plus d’avion, je pars plus longtemps puisque j’y vais en voiture. Donc je me vois effectivement changer d’emploi dans les 5 ans. Mais je suis indécise sur ce que j’aimerais faire : est-ce que je repars encore pour 5 ans dans une autre entreprise ? Je ne sais pas si j’en ai très envie. Est-ce que je me lance dans l’entrepreneuriat ? Pourquoi pas mais je n’ai pas d’idée. Est-ce que je me mettrai plutôt dans le rachat d’une petite PME-SME ? Peut-être que dans un an, je saurai un peu plus où j’en suis mais ce qui est sûr, c’est que je ne vais pas rester dans cette entreprise pour des raisons d’organisation. Il faudra alors que je sois mobile. Ce sera une nouvelle vie, c’est sûr.